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09/08/2005 @ 16:55:01: Interlude poétique
Je n'ai pas toujours été un vieux con :oh: .
Fut un temps où j'étais un jeune con qui se prenait volontiers pour un pouët et ne jurait que par la littérature, laquelle ne nourrit pas son homme, comme chacun sait.
Or donc, la cigale qui chantait en moi, se trouvant fort dépourvue quand la bise fut venue, plutôt que d'aller crier famine chez l'Onem sa voisine, s'est peu à peu tournée vers des occupations plus alimentaires.
N'empêche, j'ai gardé le goût des phrases bien ciselées et des entreprises littéraires, avec une tendresse toute particulière pour les exercices oulipiens.
Je renvoie les curieux au oueb-qui-sait-tout pour découvrir ce qu'est l'OuLiPo. Disons pour faire court que ce sont des écrivains qui s'amusent à essayer de créer quelque chose en s'astreignant à respecter des contraintes formelles improbables, pour ne pas dire impossibles, comme ça, juste pour le plaisir de voir ce que ça donne. L'un des pères fondateurs de cet Ouvroir de Littérature Potentielle était Raymond Queneau, et l'un de ses plus éminents représentants était sans nul doute Georges Perec qui, entre autres tours de force, a notamment écrit tout un livre sans jamais employer la lettre "e", intitulé très justement La disparition. L'un des mérites de ce courant littéraire, c'est bien sûr d'interdire, par son côté ludique, les grands airs un peu gonflants qui soufflent dans les hauteurs des auteurs inspirés.
Bref, dans la série "Je recycle mes fonds de tiroir de quand j'étais pouët", j'ai remis la main sur le petit texte qui suit. Ceux que ça amuse peuvent essayer de deviner quelles étaient les contraintes formelles qui ont présidé à la composition de ce pouëm (la réponse est cachée dans le spoiler - je savais bien que je finirais par trouver un usage à cette fitioure :tinostar: ). Les autres n'ont qu'à se dire que c'est juste un mauvais moment à passer et que la prochaine chronique sera peut-être moins barbante.
Coeurs de glace ou coeurs au ventre
fort serrés, soulevés, brisés, bien
mal accrochés, jolis coeurs qui sur
la main reposez, à la fois ivres et
si légers, coeurs durs de granit ou
de marbre polaire, coeurs perdus et
qui jamais n'y serez, déchirés, par
trop de sanglots taris, coeurs purs
comme un matin d'été, gonflés comme
misaine au vent, qui tentez en vain
de forcer les grilles mal closes de
vos prisons de chair et d'os; chers
coeurs, tous, écoutez l'envoi: pour
vous, j'ai celé mon coeur de papier
entre les lignes, sous les soupirs.

1. Composer le poème en détournant toute une série de locutions courantes contenant le mot "coeur"
2. Chaque ligne doit avoir exactement le même nombre de signes (caractères, espaces et ponctuation)
3. Les espaces entre les mots doivent être disposées de façon à dessiner un coeur dans le texte (d'où la nécessité d'employer une police de caractères à espacement non proportionnel)
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